lundi 24 mars 2014

Chapitre 3: Le sudoku de la mort


Bien installée dans son fauteuil à bascule, Ginette lisait son journal. Elle tomba sur l'annonce d'un concours de sudoku. Elle hurla de joie, sauta en l'air, dansa quelques pas de samba (elle avait retrouvé un jeu de jambes inespéré) et prit dans sa cave sa meilleure bouteille de champagne: elle devait fêter la nouvelle avec Germain. Elle attendait ce concours depuis si longtemps!
Ginette s'empressa de rejoindre son ami et lui annonça, haletante:
- Germain, Germain, vous avez lu la nouvelle?
- Mais enfin Ginette, calmez-vous, vous êtes en sueur! Avez-vous battu votre record de tours de parking?
- Mais non, Germain, le journal, l'avez-vous lu?
- Oui, j'ai vu! Il y a des caleçons en promotion...
- Mais non voyons! Je vous parle du concours régional de sudoku!
- Ah oui! Vous parlez de cela! Eh bien, je compte y participer aussi, j'espère arriver à vous battre!
Ils trinquèrent, burent deux coupes de champagne et entamèrent une tarte aux pommes. Germain savait Ginette gourmande, et il avait toujours quelques réserves pour les fois où elle passait à l'improviste. Plus il regardait sa voisine préférée, plus il la trouvait jolie et coquette. Il se dit que sa nouvelle coiffure lui donnait comme un coup de jeune.
Puis Ginette rentra chez elle pour s'entraîner. Elle se prépara du pop corn, fit une partie de Call Of Duty pour s'échauffer (elle ne se sentait jamais aussi bien qu'après avoir mitraillé quelques zombies) et fut enfin prête.
Elle attaqua un sudoku de niveau 9, mais le résolut en trois minutes.
- Tiens, j'ai progressé, se dit-elle. D'habitude, je mets bien vingt minutes!
Elle attaqua un niveau dix, puis onze, puis douze. Au niveau quinze, elle bloqua, se creusa les méninges, mais comme elle était mauvaise perdante, elle sentit la hargne l'envahir. Elle se leva d'un bond, et s'en prit aux objets qui l'entouraient en les lançant à travers la pièce.

La Mort, toujours résolue à éliminer Ginette, mais beaucoup plus méfiante, était entrée par la fenêtre de sa chambre restée ouverte. Annoncée par un souffle glacial, elle arrivait des ténèbres, large et profonde cicatrice sur sa peau putréfiée, ses mains décomposées tenant un poignard maculé de sang.
Elle descendit les escaliers lentement, et s'approcha du salon où notre matheuse se défoulait sur tout ce qu'elle trouvait en criant:
- Tu vas voir, sale bête, je t'aurai! Tu ne me résisteras pas longtemps!
La Mort se dit que Ginette devait s'énerver sur son chien, et qu'elle pourrait la tuer plus facilement puisqu' elle était occupée par quelque chose. Elle se faufila dans le salon, et se retrouva derrière la vieille dame énervée. Un filet de bave rouge pendant de sa bouche hideuse, elle brandit son poignard . Elle s'apprêtait à le planter, quand une balle de ping pong lancée par Ginette avec rage rebondit sur le mur...et vint se ficher dans son orbite vide.
De surprise, elle lâcha son arme et poussa un cri à vous glacer les os. Ginette fit volte face, mais ne put avoir peur devant ce qu'elle voyait! Elle éclata encore de rire, annulant le pouvoir de La Mort sur elle.
Hors d'elle, exaspérée, La Grande Faucheuse sortit par la porte avec fracas en hurlant:
- Je l'aurai un jour, je l'aurai!
Ginette s'était calmée, et reprit son carnet de sudokus et son crayon.
- Tiens, j'ai moins mal aux doigts, mon arthrose me laisse un peu de répit on dirait...

mardi 18 mars 2014

Madame Dugenou, sachez que...

En réponse à "Un malin plaisir" à lire ici





Episode 1 et 2 du feuilleton des élèves de l'école Moulin Pergaud à lire ici

A propos du chapitre II

Mes chers confrères, Auteurs de l’école Moulin Pergaud,

Une fois de plus je me suis régalé à vous lire, à vous relire et vous rerelire.
Le deuxième épisode de votre feuilleton est un tel régal, que déjà, je me pourlèche les babines à l’idée de dévorer le troisième.

Je ne sais pas vous? Mais pour ma part, j’ai confiance dans l’intelligence du lecteur. Aussi, je ne lui dis pas tout, et lui laisse le soin de deviner certaines choses tout seul.

A présent, le lecteur de votre roman sait ce qu’il va advenir de Ginette et qu’elle va perdre 10 ans à chaque chapitre. Vous nous l’avez annoncé dès le premier épisode «elle venait de perdre dix ans...» puis vous enfoncez le clou au deuxième: «elle se tordit de rire, et rit tellement... qu’elle rajeunit de dix ans.» Si j’étais vous, je modifierais un tout petit peu le 1er chapitre en trouvant une astuce pour le dire sans le dire et donner au lecteur la possibilité de le deviner sans en être complètement sûr. Dans le second chapitre, c’est encore plus simple, vous pourriez supprimer purement et simplement «qu’elle rajeunit de dix ans» car les indices ( les dents qui repoussent, l’homme qui regarde Ginette, et la couleur des cheveux) suffisent au lecteur pour deviner tout seul. Ceux qui avaient déjà flairé cette piste dans le premier chapitre, se diront: «je le savais!» et se sentiront très intelligents. Quant aux autres, ils commenceront à comprendre à la lecture du second épisode, et se sentiront très intelligents en découvrant les nouveaux indices que vous déposerez à leur intention dans le chapitre 3.

Qu’en pensez-vous?

En vous saluant cordialement,

Frédéric.